Guidée par une profonde sensibilité au Vivant, je suis particulièrement touchée par la souffrance que l’être humain inflige à la Nature. Parmi toutes les formes du vivant, ce sont les Arbres – qui me fascinent depuis toujours – qui me bouleversent le plus : enracinés, ils ne peuvent fuir face au danger. Leur résilience est silencieuse, ancrée. C’est pourquoi l’Arbre occupe une place centrale dans mon univers artistique. Nombre de mes créations cherchent à en révéler les états d’âme, à lui prêter une voix, à le personnifier.

Feu Mon Arbre est né au cœur d’un été brûlant – un été marqué par les canicules, et rythmé par les images d’incendies dévastant les forêts aux quatre coins du monde. Ces images m’ont blessée. Elles m’ont habitée. Il m’a fallu les accueillir, les transformer. Comme souvent, c’est par le travail de la Terre – de l’argile – que j’ai choisi d’apprivoiser cette douleur. Créer cette œuvre fut pour moi une manière de donner forme à l’indicible, de transmettre un message : un cri d’alerte, mais aussi un souffle d’espoir, une promesse de renouveau.

L’œuvre elle-même parle d’abord par sa forme et ses couleurs : un arbre, debout, ancré, toujours vivant. Un tronc gris – couleur de cendre – des ramures rouges – couleur du feu, ou du sang. Un arbre tendu vers le ciel, les branches ouvertes telles des bras : en posture d’accueil, ou d’appel.

Elle parle aussi par son nom : Feu Mon Arbre. L’arbre en feu. L’arbre défunt. L’arbre qui n’est plus – en apparence seulement.

Et surtout, l’œuvre nous invite à une réflexion silencieuse. Elle nous murmure son histoire, un poème, une question suspendue :

‘Terre en flammes, forêts qui se fanent,
et si
des cendres rejaillissait – la Vie ?
Feu Mon Arbre murmure un secret :
Du feu ses branches se sont fait
un habit
de Terre, d’Eau, et de Feu mêlés,
Nature dans un souffle toujours renaît.’